Quand les Trévière arrivent en Gascogne

Admin Messages : 1185 Date d'inscription : 31/01/2009

Longue, la route avait été longue depuis la Provence. Agréable aussi, elle avait permis à tous sans doute de faire le point sur les mois passés ... ou pas. L'Irlandaise aimait les routes, voyager, elle n'avait jamais vraiment su se poser. Mais comme elle en avait fait l'aveu à Flore ... elle ressentait le besoin de se poser, surtout lorsqu'elle avait réalisé que ... une bonne quinzaine d'années venait de s'écouler depuis son arrivée en France.

La rencontre fortuite avec Kahhlan, le passage en Guyenne ... voyage agréable certes mais long d'autant plus long quand un 'petit bout de rien' se décide à vous torturer les boyaux. "Ca passera" qu'on lui avait dit ... oui sauf que ça ne passait absolument pas et qu'en plus il s'était décidé à l'empêcher d'apprécier la bière ... un comble. L'odeur, le gout ... elle ne les supportait plus. Alors devant Flore et Caline elle avait mit cela sous le coup de la fatigue oui mais là ... à Mimizan ... une fois reposée ... elle dirait quoi ?

D'autant plus que bientôt ... elle ne pourrait plus rien cacher. Non pas qu'elle veuille cacher quoique ce soit ... juste que, avec le discours qu'elle tenait en général, elle ne savait comment annoncer à Flore qu'elle était enceinte ... de son cousin qui plus est. Elle aurait préféré que ce soit Samuel lui même qui en parle à sa cousine. Après tout ... il était bien plus doué avec les mots qu'elle même ... Et puis, ils avaient fini par en parler, c'était décidé, il annoncerait l'évènement.

Ils avaient passé les frontières de Gascogne la veille, léger passage en taverne le temps d'une tisane et d'une discussion avec le maire de Labrit, et puis elle avait reprit la route rapidement s'excusant presque auprès de ses compagnons mais ... ils approchaient de l'océan et ... son appel se faisait de plus en plus fort. Impossible d'y résister d'autant plus qu'elle n'en avait pas la volonté. Depuis leur départ de Provence, elle rêvait de plonger dans ses vagues tumultueuses ... L'appel de la mer était différent de la dernière fois. Pas d'envie de partir en mer seule, de les laisser tous, elle tenait trop à eux, tenait trop à lui.

Un sourire et un regard vers lui. Silencieux il l'était depuis leur départ, et puis, les frontières de Gascogne arrivant, elle l'avait senti se détendre enfin. Depuis qu'ils s'étaient rapprochés, ils n'avaient pas forcément besoin de mots pour se comprendre. L'observant à la dérobée, elle se rappelait les mots du courrier qu'il lui avait envoyé alors qu'elle l'attendait à Nîmes et un sourire naquit sur ses lèvres, elle n'arrivait même pas à imaginer possible le fait de le quitter, de partir au loin. Sans lui, elle ne serait plus la même.

Au détour d'un chemin, ils virent enfin la ville tant convoitée ... Mimizan. Celle où le cousin de Samuel et sa femme les attendaient. Elle imaginait déjà les retrouvailles, elle avait déjà décidé de laisser cousins se retrouver seuls ... d'autres retrouvailles l'attendaient... Glissant trois mots à Samuel pour lui dire que s'il y avait besoin, il saurait où la trouver, elle laissa la troupe qu'elle avait guidé jusqu'ici sans encombre devant chez Gil, ne descendit pas de cheval et se laissant guider par les effluves marines prit la direction du port.

Déjà venue à l'occasion du mariage de Gil et Azzera, il lui était facile de retrouver les pontons. Pontons qu'elle laissa sur le côté pour laisser son cheval galoper sur l'étendue de sable qui s'offrait à ses sabots. Un galop salvateur pour l'animal et la cavalière jusqu'à ce que, fatiguée, la monture se mette au pas puis s'arrête.

La rouquine se laissa glisser le long de son flanc pour atterrir sur le sable avec souplesse. Elle se débarrassa de ses bottes, cape, épée, bouclier, dagues ... et là voilà en chemise à courir comme une enfant vers les vagues qui s'offraient à elle. D'un bond, elle plongea dans les vagues, ressortant plus loin sourire aux lèvres. Ce bain elle en rêvait depuis ... Bercée par les vagues, nageant un moment, elle se laissa ensuite porter vers le rivage au rythme de la marée montante. Allongée sur le dos, une main protectrice sur ce qui servait de nid douillait à son petit bout de rien, les pieds bougeant juste ce qu'il fallait pour la maintenir à la surface ... un bonheur simple c'était ce qu'elle pouvait ressentir à cet instant ...

L'Irlandaise senti son corps se détendre, la fatigue disparaitre, elle se redressa, posant ses pieds sur le fond marin. Les courants l'avaient ramené suffisamment près du rivage pour qu'elle ait pied. Un sourire serein aux lèvres, elle resta un moment debout, l'eau jusqu'à la taille, mains posées sur les hanches, émeraudes plantées dans la surface liquide qui par moment prenait presque la même teinte. La fatigue la rattrapa soudain et elle se décida enfin à quitter l'eau, faisant demi tour à regret.

Sur la plage, son cheval l'attendait sagement. Sourire ne quittant pas ses lèvres, chemise collée au corps, dévoilant ses formes qui s'arrondissaient de plus en plus, elle vint s'asseoir à côté de l'animal, se laissant réchauffer par la douceur du soleil. Elle savait qu'il faudrait quitter la plage à un moment ou à un autre, se décider à rejoindre le reste de la troupe mais pour l'instant ... elle n'avait qu'une envie rester là, à observer l'océan, se cramer les yeux sur la ligne d'horizon, imaginant le jour où elle reprendrait la mer. Imaginant le jour où elle apprendrait à leur fils à naviguer ...

Une brise lui fit réaliser sa tenue, elle jeta un coup d'oeil aux alentours ... personne. Se relevant rapidement elle attrapa ses braies, s'appuyant de justesse contre le flanc de son cheval. L'animal ne broncha pas. Vertige passé, elle enfila son pantalon, en noua le lacet avant de se laisser retomber fesses dans le sable. Droguée de mer, elle n'avait pas le courage de bouger de là, pas l'envie pas ... léger gargouillement et grimace. Il lui faudrait bouger à un moment ou à un autre, ses entrailles réclamaient leur pitance ... oui mais pour le moment ... non.

Cape roulée en boule, et voilà l'Irlandaise allongée sur le sable, émeraudes plantées dans l'Azur cotonneux, oreilles bercées par le ressac, elle laissa son esprit s'évader, restant à l'affut de ce qui se passait autour d'elle ... on ne la surprendrait pas si facilement.

Admin Messages : 1185 Date d'inscription : 31/01/2009

Samuel

C'est vrai qu'il était silencieux le bougre. Ne parlant que pour avertir, informer ou ordonner, Samuel depuis un bon moment ne faisait plus vraiment office de chaleureuse compagnie. Il se sentait vieillir. Pourtant il ne tenait que trente trois ans. Mais l'usure d'une politique inconcevable des hommes et femmes égares de Provence. La guerre et les blessures. Celles du corps qui le tiraillaient parfois. Sa tête le frappait bien souvent au réveil. Celles du coeur. Ses enfants qu'il ne voit pas grandir, qu'il ne voit pas naitre. Apres être passé près de la mort et avoir vue sa cousine istanga ou encore la princesse au seuil du néant. Samuel avait prit conscience qu'il ne vivait plus que pour lui. Mais pour tous ceux qu'ils l'avaient suivit, fait confiance et qui encore aujourd'hui marchait a ses cotés. C'est vrai qu'il était silencieux cet homme.

Mais a force de ressasser les mêmes douleurs chaque jours l'on fini par s'y habituer. Le seigneur de vitrolles qui a cette heure n'en avait plus que le nom car résout a l'exile se résolu a laisser tout ceci derrière lui. Sa famille serait son sang et son air maintenant. Il travaillera avec cette idée que son Oncle Alexandre de Treviere lui avait apprise en ses jeunes années. " Nous pouvons faire seul, mais n'achevons jamais rien par nous même". Ses mots étaient ceux d'un homme qui s'était cultivé toutes sa vie mais qui avait vécu dans la solitude et l'éloignement, sur le route de France. Il en savait des choses ! Tellement de chose. Mais le veille Alexandre avait saisi que c'est en éduquant Samuel qu'il achèverait quelques chose de sa vie. Que faire pour soit même n'apporte rien.

La Gascogne. Enfin sortir d'un silence qui n'avait que trop duré. Samuel ne se sentait pas forcement dans la meilleures des formes, le dos éreinté par le voyage et la soif d'un marin en cale sèche. Alors il s'avança en taverne cette rare fois. Labrit, ou il rencontra une cousine. Le lendemain il réitéra la chose, et il rit. Un plaisir enfin. Sans le dire Samuel ne remerciera jamais assez le Vindjo qui loin de son sérieux avait su en ce soir l'enjoué et lui réchauffer le coeur en présence a nouveau d'une cousine.

Ce soir la en quittant la taverne il marcha jusqu'au port. La place sentait la fin d'une journée de labeur ou les charpentier avaient donner leur force a l'établissement de cette fierté. Samuel se souvenait de son chantier naval de vitrolles et se projeta dans l'avenir. Il imagina moult façon de faire du grand icelieu. Dans cette solitude éphémère Vitrolles rêvait.
C'est qu'il en disait peu cet être ci.

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Au final, elle avait passé la journée allongée sur le sable, à regarder les rares nuages jouer dans le ciel, avait fini par s'endormir sans doute veillée par son cheval. L'animal semblait avoir saisi son état, il était plus doux, plus prévenant avec sa cavalière et c'est un hennissement qui la réveilla.

Le jour tombait à sa fin ... La rouquine se leva, s'étira, posant ses mains au creux de ses reins. Décidément ... la route avait été plus que longue. Elle se sentait incapable de grimper en selle et confia épée, arc, bouclier à sa monture. Autant s'alléger pour regagner Mimizan. Elle imaginait les autres en taverne et préférait pour l'instant les éviter. Les tavernes pas les autres ... comment expliquer son dégout de la bière ?

Fouillant dans sa besace, elle sorti une gourde, en bu quelques gorgée, sa main tomba sur une miche de pain, une pomme. Que demander de plus ? croquant l'une puis l'autre, son cheval sur les talons, elle remonta la plage en direction du port. Port qui en rappelait un autre et un rêve interrompu par une guerre.

Sur un ponton, une silhouette connue par coeur, puisqu'il s'agissait de celui qui faisait battre son coeur. En silence, elle s'approcha et s'arrêta à ses côtés. Fixant le même point imaginaire elle mit un certain temps avant de murmurer, goutant cet instant de paix.

Bonsoir mo Run ... d'habitude ... c'est moi qui rêve ici ... Un sourire ... une envie de glisser sa main dans la sienne et en même temps de respecter ce qui semblait vouloir être un isolement ... émeraudes balayant les pontons, main posée sur le ventre, l'image d'autres pontons se superposait ... On avait commencé là bas ... ici ... on le mènera à bien ce projet ... qu'en penses tu ?

S'arrachant difficilement à sa contemplation, elle tourna son regard vers lui. Il semblait ... fatigué. Qui ne le serait pas après ce qu'ils venaient de vivre. Ici sans doute, auraient ils le temps de se poser. Elle resta ainsi à observer ses traits, un léger sourire aux lèvres. Tout en lui l'attirait ... elle s'était laissée prendre à ses filets il y a bien longtemps ... ne regrettait rien ...

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--petit.bout.de.rien a écrit:: Secoué, toujours secoué, le p'tit bout de rien commençait à fatiguer.

Ah elle s'arrête enfin, et oh tout ce calme qui l'envahit, qui m'envahit aussi. Ma bulle s'est agrandie ou quoi ? Hop une galipette, et deux. Elle pense à moi, je le sais, je le sens et rien ne la distrait.

Ah non, quelqu'un approche et il n'y en a qu'un pour la faire réagir ainsi, lui faire battre le coeur plus rapidement.

Il était si bien, profitant de la détente et du calme qui envahissait son nid douillet, qu'il s'endormit d'un sommeil enfin réparateur...

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Caline a écrit:: [Douce errance...]

Long chemin depuis la Provence, long chemin, mais instructif chemin pour elle-même, elle qui avait senti son cœur, son âme devenir presque froids, insensibles, détachés de tout après tous les événements douloureux qui avaient jalonnés sa vie jusque là. Oui elle s’était senti mourir intérieurement, une coquille qui se vidait de toute son essence, ravagé par un feu destructeur, inondé par des flots dangereux, broyé par la terre dévastatrice, saccagé par des tempêtes ravageuses et pourtant sur ce chemin qui la menait jusqu’ici, elle avait réalisé, avait découvert en elle, une petite fleur, porte de vie, espoir d’une vaste étendue fleurie qui poussait doucement en elle et avait résisté à tout…

La Provence l’avait vu sombrer, Minizan la verrait vivre. Minizan, nouvelle chance, nouvel espoir pour elle, pour eux tous.
Partir à la découverte de ce nouveau territoire, se l’approprier, l’observer pour mieux le comprendre et le faire réellement sien, voilà ce qu’elle était partie faire après s’être installé rapidement.
Les habitudes, les réflexes étant ce qu’ils sont – impossibles à changer – la bretonne ne concevait pas de ne pas connaître les coins et recoins d’une ville ... un : parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver , combien de fois cela lui avait-il permis d’échapper à son père…réflexion faite un grand nombre… deux : pour satisfaire sa simple curiosité, et pour finir histoire de repérer dans ses pérégrinations l’endroit ou elle installerait…sa boulangerie ? Sa boucherie ?... ? Rien à faire, elle ne s’était toujours pas décidé, un haussement d’épaule, quelque rues plus loin, l’idée était repartie dans un coin de sa tête, là seul le plaisir de flâner librement sans risques aucun, sans être pressé l’occupait, douce errance incertaine qui amène parfois à de superbes rencontres et découvertes…

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Flore a écrit:: Mardi 8 juin - Le bout du voyage

La guerre était finie, trop brusquement à son goût. Elle était pourtant partante pour un dernier assaut, avec panache, ce dont manquait les provençaux.
Soit. La page est tournée.
Flore avait alors hésité entre la Bourgogne, pour rejoindre SE Ingeburge fraîchement reconduite Duchesse, et la Gascogne où sa famille avait des projets à long terme.
Les événements ont choisi pour elle : appellé en renfort pour défendre la capitale par leurs alliés languedociens, le groupe s'était reformé, prêt à l'action.
Pour rien ... Le Languedoc balaya les brigands rapidement, ce qui précipita leur date de départ.
Elle suivit le mouvement, optant par la même pour la Gascogne. Les jours précédents passés avec son cousin Deubs avaient fini de la convaincre de prendre de chemin.
Direction Mimizan et son port. La marina ... Toulon ... Le chantier naval des Trévières ... Excellents souvenirs de l'ébauche d'une vaste entreprise qu'aujourd'hui ils poursuivront sous un ciel meilleur.

En journée, Flore accomplit les formalités de déménagement. Reste maintenant à acquérir champ et échope. Pas pressée la brunette.
Elle n'a pas encore décidé de sa prochaine culture. Maïs ? Blé ? Ou risquerait-elle un élevage ? Problème : son goût pour l'aventure est un frein pour une telle exploitation. Oh et puis à plus tard ces réflexions trop sérieuses.
Ce huit juin marque le retour aux choses simples.
Pas de combat, pas de débats, pas de politique, rien que le plaisir d'appréhender les qualités de cette nouvelle ville qui l'accueille.
Flore décide de flâner dans ses rues, visitant les échopes de tisserands principalement.
Ces dernières semaines, elle a remarqué qu'elle n'avait vraiment rien à se mettre. Il est temps d'y remédier !

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Suniva

Elle avait répondu à l'appel de la Dame une fois.
Elle lui répondait encore.

Boucles brunes virevoltantes au gré du galop. Finalement la dépense pour cette rosse n'a pas été inutile. Il la porte, là où elle a décidé d'aller et il ne faiblit pas.... Pas comme elle. Les blessures du corps sont guéries, pas celles de l'âme.

Pour la seconde fois, elle fuit la Provence la Suniva. Et cette fois, le baluchon qui l'accompagne est bien plus léger. Se peut-il que son destin soit lié au pas d'un cheval ?!

Mimisan n'est pas loin. Les blessures mêmes guéries restent présentes dans le corps endolori. Il est temps... Temps qu'enfin elle se pose. Même pas envie d'entonner son chant de guerre, pourtant son père est là dans sa mémoire. Ses souvenirs aussi...

Epuisée, couchée sur l'encolure de sa monture. Le visage fermé sur ses visions et ses pensées, elle galope.

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Deubs0 a écrit:

Arrive depuis une semaine déjà, son retour avait été une nuit de repos en la capitale, la route pour Bayonne en passant par Dax, un bref séjour de deux jours en la ville du sud avant de repartir pour le nord à Labrit….

Que de vieilles connaissances croisées, de nouvelles parfois plaisante parfois dur a entendre, rencontrer des nouveaux fruits de la Gascogne, le temps avait passe et les jeunes s’étaient endurcis a en devenir de fier gascon.

Arrive en Labrit, un tour en taverne, au cours d’une discutions il comprit que les Trevieres étaient enfin en Gascogne…

Plume, papier, il envoya missive a son neveu.

Citation :: De nous, Louis Philippe,
A vous, Angel, mon neveu.

Un groupe en provenance de la Provence et autres contrées a du arriver en Mimizan. Je vous prie de faire accueil chaleureux à nos cousins quand vous les croiserai.

Je serai sous peu à vos cotes. Nous pourrons débuter votre formation.

Bien à Vous
LP Von Wittelsbach.

» Quand l'appel de l'Armagnac se fait irrésistible ...
» Le long du Rhône, quand des pas égarés mènent vers la mer.